Pour mieux connaître...

Rédigé pour la revue " Le Monde du Muscle ". Paru dans le n°264 d'avril 2006.

Depuis le plus jeune âge le sport fait partie de ma vie. Football comme beaucoup de garçons mais aussi basket ont été pratiqués entre 6 et 10 ans. En 1989 une séance d'initiation sur la surface artificielle appartenant au comité d'entreprise de mon père me fait découvrir l'escalade. Bordeaux et ses environs étant loin d'être des espaces de pratiques idéals pour ce sport à l'époque, il fallait être fortement motivé pour persévérer.

Pourquoi l'escalade ? Avec mes parents nous avons toujours fait de la montagne et les vacances à la mer je ne connais pas. L'escalade n'était qu'une connaissance supplémentaire afin de franchir des passages techniques lors de randonnées en haute montagne.

A partir du jour où l'escalade est entrée dans ma vie elle en a fait partie de 1989 à 1997. Du simple pratiquant au compétiteur espoir national. Une première compétition départementale gagnée en 1990 fut le point de départ de toutes les années qui ont suivis. Au départ l'entraînement n'était pas forcément très suivi ni très régulier. Tout a changé en 1992 lors de ma première participation au championnat de France. Dès cette date j'ai pris au sérieux mon sport et décidé de travailler dur. Avec mon père fin 1992 nous avons construit une surface artificielle sur l'une des façades de la maison et quelques mois plus tard dans le grenier afin de profiter du dévers offert par la charpente. Deux à trois heures par jour d'entraînement : grimpe, musculation spécifique et course à pied, devinrent mon quotidien. Souvent avant d'aller en cours vers 6h00 mais aussi entre 12h00 et 14h00 sur une surface artificielle non loin de mon lycée. Parfois j'arrivais en cours avec les doigts tellement fatigués que la première heure de cours j'avais du mal à tenir mon stylo. Cinq ans de pratique à fond pour toujours aller plus loin, pour essayer d'être le plus fort. Cinq années de joies et parfois de déceptions pour ne pas avoir fait assez bien. Cinq années de passion intense où tout était donné à l'escalade avec la chance de rencontrer et de sympathiser avec les meilleurs grimpeurs mondiaux du moment.

Mais en 1996 tout a basculé. Mon baccalauréat en poche l'escalade a pris une part encore plus importante dans ma vie. La diététique ayant toujours été un sujet d'intérêt, j'avais compris qu'en jouant avec les calories je pouvais perdre du poids et réaliser certaines performances. Une perte de poids temporaire qui permettait un rapport poids/puissance en faveur de cette dernière. Perte temporaire car au bout d'un moment le rapport s'équilibre de lui même. Perte de poids. Voilà en trois mots en quoi tient la descente aux enfers qui a suivis et que j'ai vécu ainsi que mon entourage. Un siphon qui vous tire vers le bas et face auquel vous êtes impuissant.

Début 1997 je pesais entre 63 et 65 kg sans pour autant faire hyper attention. Juste le b-a ba d'une alimentation  " saine " de sportif : pas d'alcool, pas trop de viande rouge et des repas équilibrés. Ma mère a toujours fait attention à ce que mes frères et moi ayons des repas équilibrés donc quelque part c'était naturel.

Un jour d'entraînement en falaise j'ai réalisé une bonne performance en sachant que 48 heures plus tôt j'avais perdu du poids. Je me suis alors dit que si je contrôlais ce poids d'autres performances viendraient. En guise de contrôle ce ne fut qu'un long et rapide dérapage. En avril 1997, 18 kilos avaient été perdus. Comment l'entourage ne s'en est-il pas rendu compte ? Parce que tout est caché et qu'une fois que la descente est amorcée il est souvent déjà trop tard. Un première hospitalisation m'a été proposée fin avril. Je l'ai accepté alors que je ne me considérais pas malade et ne sachant pas où je mettais les pieds. Résultat, deux semaines pour ressortir avec du poids en plus certes mais dans un état mental peut-être pire qu'avant d'entrer. L'hospitalisation a eu lieu dans un hôpital psychiatrique au sein d'un service pas du tout adpadté par manque de place dans celui prévu. Le but était ici de faire cesser des vomissements car mon anorexie a d'abord débuté par une période de boulimie vomissante. J'étais enfermé après chaque repas afin de contenir toute tentative de rejet. La seule chose à laquelle je pensais était de sortir donc je me suis bien conduit durant deux semaines juste pour sortir de cet endroit qui aujourd'hui encore me donne des frissons. Cela marque une personne, d'autant plus que c'était l'année de mes 20 ans, un âge important dans la vie d'une personne, une sorte de frontière entre l'âge du grand ados et celui du jeune adulte.

L'anorexie est vicieuse. Elle arrive doucement, vous donne de bonnes sensations, vous donne l'impression de tout contrôler, une impression de puissance et de force. Tout est vrai sauf que tout est illusion. C'est l'anorexie qui vous commande. Oui elle arrive doucement. Au début ce ne sont que quelques grammes qui sont perdus puis ensuite ce sont des kilos. Oui elle vous donne de bonnes sensations avec cette impression de légèreté qu'elle vous procure dans vos déplacements notamment dans les mouvements de grimpe mais petit à petit vous faiblissez et résultat le moindre geste devient surhumain pour vous. Oui vous avez l'impression de contrôler les choses mais sans vous en rendre compte c'est elle qui commande. La puissance n'est en fait que faiblesse face à un phénomène dont vous seul avez la clef mais qui vous échappe complètement car au bout du compte vous vous sentez toujours trop lourd. Elle vous tire toujours plus bas et vous suivez car vous vous dites que si cela marche à ce poids peut-être que plus bas ce sera encore mieux. Certains regards extérieurs s'interrogent et vous questionnent " Moi malade ? N'importe quoi, de quoi je me mêle " combien de gens ont-été envoyés sur les roses avec cette réponse ? Combien de regards interrogateurs ont du affronter mes parents lorsque nous étions en public ?

L'anorexie aujourd'hui c'est avant tout des sensations. Le souvenir de sensation que vous ne pouvez pas avoir si vous ne vivez pas cette maladie.

Une impression d'enfermement intérieur. Tout ce qui vous entoure ne vous touche pas, vous êtes comme dans un caisson, vous entendez les sons comme s'ils venaient de loin, vous vous sentez étranger. Coupé en deux, le corps est là et le cerveau ailleurs. Vous entendez votre respiration comme lorsque vous vous bouchez les oreilles, le bruit est amplifié.

Une impression de froid quasi permanente. C'est ça qui marque le plus. Froid même avec 3 couches de vêtement ou à côté du feu. L'été je me mettais comme les lézards sur la terrasse afin de capter le plus de chaleur possible mais dès que j'étais à l'ombre le froid revenait. L'hiver était très dure. Ce n'est plus sur la terrasse que je me mettais mes derrière les vitres où le soleil tapait. Le pire était les nuits. Une nuit à avoir froid c'est long. Le déficit calorique est tel que votre " chaudière " intérieure fonctionne pour le minimum vital. C'est biologique, par réaction de défense le cerveau n'alimente que les parties vitales, résultat tout ce qui est main et pied est bleuis par le froid. Je ne vous parle même pas des fonctions sexuelles. Tout ce qui est érection n'est plus d'actualité et passe au second plan. Plus aucune envie ni aucun désir. Je me rappelle une nuit où mon père m'a frictionné les pieds durant de longues minutes car je ne sentais plus mes pieds et aussi paradoxal que cela puisse paraître la douleur était énorme. C'est ce froid qui fait le plus mal car vous vous sentez sans défense, il vous penètre de partout.

Une impression de rétrécissement. Comme si la peau était trop petite. Elle vous tire de partout. Elle se " craquelle " et se dessèche. Vous sentez vos orbites oculaires enfoncés, vos os à fleur de peau, vos pieds vous font mal, ils sont tellement maigres que le contact avec le sol devient un calvaire.

Une impression de lutte permanente contre la sensation de faim par peur de reprendre du poids.

La vie continue. A partir d'un certain moment vous ne vivez plus, vous survivez. Vous n'êtes plus conscient de votre état. Si vous l'êtes c'est encore pire car votre cerveau de répond plus. Vous décidez de reprendre du poids mais quand vous passez à table le film se rejoue et c'est toujours pareil. Votre mental refuse la prise de poids. Moi j'avais la hantise des graisses, je mangeais toujours un petit peu mais comparé aux activités c'était largement insuffisant. Toujours une illusion de contrôle.

Et l'entourage ? Il est face à vous et vit certes d'une autre manière mais tout autant que vous ce calvaire. Au début très énergique pour vous faire réagir et bouger et puis découragé au fur et mesure que le temps passe et que la situation se dégrade. Les vrais amis restent, la famille est toujours là et de forts liens avec d'autres personnes se font. L'entourage cherche une réponse, une aide et se heurte à des personnes qui ne comprennent pas. Jusqu'au jour où une oreille se tend. Cela ne résout pas le problème mais cela soulage.

L'anorexie n'est pas un signe de faiblesse. Bien au contraire pour moi c'est la traduction de ma rigueur. Toujours strict et rigoureux autant dans le bien que dans le mal. C'est pourquoi malgré cet état mes activités n'ont jamais cessé en escalade et qu'un boulot de caissier fut trouver en 1998. Ma mère stressait toujours lorsque je quittais la maison par peur qu'il m'arrive quelque chose de grave.

Les jours passent, le poids baisse toujours " même quand il n'y en a plus, il y en a encore " Jamais je n'aurais pensé descendre aussi bas.

Un beau jour la machine s'arrête. Panne sèche, plus de carburant. Juste le strict nécessaire : le cœur. Alors les questions se posent, la remise en question apparaît et petit à petit l'acceptation d'être quelqu'un de malade se fait. Sans rien dire à personne on décide " demain c'est fini, on repart du bon pied "Mais les jours qui suivent se ressemblent hélas tous.

C'est à cette période que la musculation fait son apparition. A l'époque je me disais que peut-être elle pourrait m'aider à reprendre une partie de mon poids. En juillet 1998 j'ai poussé la porte de Bodyline dans le sud de Bordeaux, salle appartenant à Philippe Roumet (Champion du Monde WPF en 1995) Il m'a écouté sans me juger. Le lendemain j'étais à la salle. Au bout de quelques mois comme vous le devinez rien n'avait changé. Je travaillais à fond au regard de mon état physique. Mais cela aurait été trop facile si la solution avait été aussi simple. Si l'amélioration physique était absente en revanche la prise de conscience fut grandie grâce aux miroirs présents dans la salle. Je finissais par faire des cauchemars de mon reflet.

Reprendre du poids dans l'anorexie n'est qu'une question vitale et en rien une solution de guérison car elle n'est que la traduction d'un mal être intérieur qui si il n'est pas guéri laisse le problème dans son état tel quel. Soigner la tête pour soigner le corps et soigner le corps pour avoir la tête assez solide et en état de réfléchir. Un soir Philippe est venu et a dit " Pierre si tu viens pour mourir dans la salle alors tu peux rentrer chez toi " Certains seront choqués par cette phrase mais ce fut l'uppercut définitif dans la décision de m'en sortir.

En janvier 1999, la deuxième hospitalisation fut faite au centre Abadie de Bordeaux. La différence avec la première c'est que celle-ci j'avais fait la démarche en me considérant malade. Seul je ne pouvais pas m'en sortir car le mental faisait toujours barrière. Vouloir mais ne pas pouvoir voilà qu'elle était la situation. J'étais comme une mèche de dynamite qui attendait d'être allumée pour pouvoir avancer et exploser. Une fois lancée elle se débrouille toute seule encore faut il l'allumer. Je suis entré en pesant 38kg pour 1m80 à 22 ans. Lorsque le médecin m'a fait le bilan médical il nous a clairement annoncé qu'une semaine de plus aurait peut-être été de trop et que l'irréversible aurait pu se produire. En clair : la mort. La première urgence fut d'alimenter ce corps devenu squelettique et le choix d'une alimentation 24 h/24 h fut fait. Alimentation faite grâce à une perfusion reliée à une cathéter posée (après intervention chirurgicale) au niveau du pectoral gauche. Une poche d'alimentation liquide qui ne vous quitte pas durant 2 semaines. Suppléments qui s'ajoutaient aux repas normaux servis dans la journée. Une rééducation alimentaire mais aussi et surtout un travail mental important afin de faire sauter le verrou de blocage. L'hospitalisation a duré deux mois durant lesquels toutes les phases émotionnelles sont passées. Le poids revenait doucement et surtout la tête finissait par guérir. Attention ce n'est pas en deux mois que nous sommes guéris. Ces deux mois ont été la flamme de la mèche. Une fois relancé je devais y arriver de moi même. Un long suivi post clinique est nécessaire encore aujourd'hui. Les détenteurs de la clef c'est nous les malades et les médecins ne sont pas toujours derrière vous (heureusement) La durée d'une anoréxie varie. Certaines personnes restent toute leur vie en crise et d'autres (comme moi) quelques années, dans les deux cas la " guérison " part du même principe : dominer son mental.

Je suis sorti en mars 1999 avec quelques kilos en plus et surtout une volonté d'aller toujours mieux (jusque boutiste n'oubliez pas) Bien sûr je n'ai pas été lâché dans la nature, je devais revenir une fois par semaine me faire peser et en cas de baisse, retour à l'hôpital.

Montrer la motivation et la volonté de s'en sortir se présenter à moi et quelque part aucun droit de décevoir.

C'est donc avec une certaine " pression " sur les épaules que les choses ont repris leur court. Honnêtement lorsque je suis sorti de l'hôpital j'étais persuadé que je n'y remettrai pas les pieds pour une nouvelle hospitalisation. Avec l'entourage nous avons marcher sur des " œufs " quelques jours comme des équilibristes sur un fil ne sachant pas trop si l'équilibre était fragile ou solide.

Je pense que nous ne sommes jamais vraiment guérit d'une maladie comme l'anorexie au même titre que toutes les maladies touchant au psychique. Cela reste une fragilité qui menace de s'ouvrir pour une raison inconnue. Je préfère parler de mieux être, de reconstruction, de résurrection. A tout ces termes un seul point commun, la confiance en soi, en son mental, son psychique. Ne parle-t-on pas de force psychique ?

Pour que cette confiance revienne il faut le vouloir et le provoquer. L'entourage qui vous soutient joue ici un rôle très important et j'ai eu la chance qu'il soit là. Le suivi post-clinique est un autre point important. C'est le Dr Dominique Berges (cabinet médical Montesquieu à Mérignac) qui était présent et avec qui une relation plus que patient/médecin c'est établie. Une personne avec qui on se sent " bien " Une reprise de confiance mental qui entraîne petit à petit la reprise de confiance en son physique et qui aide à le reconstruire. Plusieurs éléments m'ont aidé à retrouver cette confiance :

Un premier point - qui pourrait paraître banal pour beaucoup - celui de la réussite d'un examen qu'est le permis moto. Enfin quelque chose de positif après 3 ou 4 ans. Sentir que l'on est capable de manier l'engin et d'être solide pour paraît à toutes éventualité. Réussite positive qui entraîne une reprise de confiance.

Autre point, la reprise des études. Dans un premier temps par correspondance puis dans un second temps en IUT. Un travail " intellectuel " qui permet une fois de plus de reprendre confiance en soi et d'avancer sur le plan de la thérapie. Là aussi la conclusion par la réussite du diplôme est une point positif de plus.

Autre confiance et aide précieuse dans la reconstruction, la rencontre de ma compagne. Ayant perdu toute confiance en ce qui concerne les femmes, elle a su être là au moment où il fallait et a su m'aider dans certaines réflexions. Une personne de plus à mes côtés qui ne connaissait pas le passé mais qui était là pour m'accompagner vers le haut.

Enfin, avant dernier point, celui d'avoir trouver du travail - au sein de la bibliothèque municipale de Villenave d'Ornon - dès la sortie des études. Pas de perte de temps entre les deux périodes. Un esprit libéré des études et d'un éventuel stress qu'aurait pu provoquer une période de chômage, que du bon pour aller vers les hauteurs de la reconstruction personnelle.

Le dernier point de la reprise de confiance en soi est la reprise de confiance en son physique qui n'aurait peut-être pas était là sans les points précédents. C'est là que le culturisme et la musculation de façon général entrent dans ma vie. La reprise de poids n'a pas été aussi facile car l'appréhension des graisses était et est encore présente à l'esprit. Grossir sans activités physique était quelque chose d'inconcevable. J'utilise souvent le terme de rééducation. En effet comme quelqu'un qui réapprendrait à marcher suite à une fracture en faisant chaque jour un pas de plus ici ce sont les aliments qui revenaient petit à petit. A chaque jour son défit de savoir comment on réagira à table face aux aliments. Il faut penser que c'est un travail long et ne pas précipiter les choses. Le mental doit être capable de suivre la " transformation " corporelle. Physique et mental doivent avancer au même rythme.

De 1999 à 2000 se fut des entraînements réguliers dans le seul but de reconstruire un physique. Résultat au bout d'un an - en comptant la période d'hospitalisation - la balance affichait 44 kilos de plus. Bien entendu c'était loin d'être que du muscle. Au cours de l'année 2000 l'envie de refaire de l'escalade s'est faite. En quelques semaines niveau et force étaient revenus mais le plaisir de la pratique quant à lui avait disparu. C'est là que j'ai compris que l'escalade faisait partie du passé et qu'il ne fallait pas gâcher tous les bons souvenirs qui s'y attachaient.

Ce plaisir en revanche était bien présent en musculation. L'investissement dans le culturisme a réellement débuté en septembre 2000 et depuis il est toujours présent. Un travail régulier et sérieux complémenté par une alimentation la plus saine possible pour ce sport. Avec les " restes " de l'anorexie beaucoup d'aliments qui paraissent à certains indispensables sont loin de l'être pour moi ce qui facilite grandement le suivi de l'alimentation qui est souvent conseillée en musculation. Il n'y a pas dans mon alimentation d'écarts importants. Pour quelques aliments c'est une véritable rééducation et si je les mange c'est en une infime quantité, il n'empêche que cela suffit à " gâter " le palais et faire du bien au mental. Contrairement à ce que certaines personnes pensent je prend plaisir à manger et c'est important car cela aide dans la reconstruction.

J'essaye de suivre tous les conseils alimentaires : équilibre, prise alimentaire plusieurs fois par jour, hydratation… et ce quelque soit la situation. Par exemple, durant les deux années d'études à l'IUT jamais une séance n'a été manquée. Dans le sac de cours, les boîtes de thon et de céréales " cohabiter " avec les stylos et les bouquins. Je me levais tôt pour préparer les collations de la journée. Aux pauses pendant que les copains fumaient leur clope, je mangeais mes collations. Je n'ai jamais eu de remarques. Bien au contraire une fois que les choses sont expliquées cela arrange la compréhension de tous. Les séances avaient alors lieu le soir après les cours. A l'époque les études étaient un bon dérivatif pour éviter de focaliser sur la musculation et l'alimentation.

Philippe m'a appris à ne pas faire qu'en fonction de la balance mais plutôt avec le miroir. Car le but dans tout cela c'est de construire un physique harmonieux et équilibré avec les moyens que " dame nature " m'a donné. Mon métabolisme est rapide et prendre du poids n'est pas évident. En revanche tout ce qui est sèche est très facile. Cela devrait me rassurer sur tout ce qui est prise de gras mais malgré cela je reste toujours soucieux.

Lorsque j'ai écrit au Monde du Muscle en janvier 2000, j'ambitionnais de "m'entraîner dur pour atteindre l'épanouissement de mon corps'' et c'est toujours d'actualité. L'entraînement tant sur le plan alimentaire que physique a évolué.

De juin 2002 à juin 2004 la progression a été grande grâce au fait que mon partenaire d'entraînements n'était autre que Philippe Roumet. Si durant deux ans j'ai eu l'impression de travailler dur, avec lui les séances avaient pris une autre dimension et la motivation de travailler avec un champion du Monde fut grande. Je dis souvent que Philippe pour moi c'est " l'école du geste " Nous n'étions pas là pour pousser ou tirer simplement des poids mais pour construire du muscle, le geste avant tout. C'est grâce à ce type d'entraînement que j'ai pu arriver là où j'en suis. Le caractère fait aussi beaucoup car jamais une séance n'a été ratée et être à la salle dès 7h30, toujours manger de la même manière, toujours vouloir aller plus loin…tout cela n'est pas forcément donné à tout le monde. Les connaissances en diététiques et en culturisme sont enrichis tous les jours par des recherches ou des lectures. Travaillant dans le monde des livres c'est plus facile. Le culturisme ne se résume pas à pousser et tirer des poids en suant comme un bœuf. Beaucoup de personnes perçoivent le culturiste comme étant un gars avec un pois chiche en guise de cerveau ce qui prouve bien que notre sport est mal perçu. L'entraînement il est 24 heures sur 24 et pas seulement en séance à la salle. Un travail de longue haleine pour qui veut avancer. Je m'y consacre pleinement et ne laisse rien au hasard. Ce qui me plaît c'est de comprendre les choses et de les faire le mieux possible. Quatres lettres peuvent résumer mon implication dans ce sport : P.T.N.R (Persévérence, Travail, Nourriture, Repos)

Aujourd'hui je vis à Tournefeuille (banlieue Toulousaine) mais travaille toujours à Villenave d'Ornon. La semaine les séances ont lieu à Bodyline et lorsque je suis chez moi c'est dans la salle Blue Gym à Colomiers (chez Jean et Clotilde Sanz) que je m'entraîne.

Avant d'être à Toulouse, je suis parti vivre un an en Belgique. Durant cette période les entraînements avaient lieu au Fitness Gym de Jette ( banlieue de Bruxelles et appartenant à Pierre de Bondt)

Les lieux sont différents mais la motivation est toujours la même, celle de bâtir un corps sain, équilibré et harmonieux en tenant compte des paramètres personnels sans tricher avec soi même.

J'ai fais le choix d'un culturisme naturel. Dans ce sport les aspirations sont toutes les mêmes et le choix de chacun pour atteindre son but se respecte car au bout du compte la finalité est toujours s'entraîner et construire du muscle. Les conseils de Philippe sont toujours là et je suis toujours la ligne qu'il m'a " enseigné ", viennent s'ajouter ceux de Bernard Verplancke préparateur physique et compétiteur NCOBB (fédération naturelle belge) connu durant l'année 2005 et propriétaire du Natural Gym à Amougies (proche de Tournai –www.naturalgym.be ) dans l'objectif de toujours progresser. Objectif, un autre mot clef qui nous aide à avancer, toujours voir demain afin de ne pas stagner. Objectif de s'en sortir, objectif de se reconstruire, objectif après objectif la vie avance et vous avec sans prendre de retard. Je dis souvent " si tu connais le nadir alors sache que le zénith n'est pas loin "

La relation à l'alimentation est encore loin d'être facile mais bien sûr cela n'a rien à voir avec la situation connue durant l'anorexie. Certains aliments ne passent toujours pas soit parce que je les estime trop gras soit parce qu'il sont associés à des crises de boulimies antérieures. C'est une preuve de plus sur la nécessité du travail psychique. Désormais je laisse faire sans forcer. Depuis cette période beaucoup d'éléments sont relativisés et aucune difficulté ne paraît " insurmontable " Je me dis toujours " de toute façon cela ne peut pas être pire que ce que tu as traversé "

L'anorexie même si elle reste une maladie a permis un fait positif, celui de connaître une de mes limites. Je me sens plus fort aujourd'hui qu'avant la maladie.



25/12/2007
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