Vouloir mais ne pas pouvoir : dilemme

Aujourd'hui je vais essayer d'aborder la notion de " vouloir mais ne pas pouvoir " qui revient régulièrement lorsque le sujet de l'anorexie est traité et qui m'est souvent posé par courriel. N'hésitez pas compléter cet article via le forum.

" Vouloir mais ne pas pouvoir " voilà un des principal dilemme auquel est confronté la personne anorexique lorsque cette dernière prend conscience de son état maladif. Certains seront tentés de dire " il ou elle n'a qu 'à manger et ça ira mieux... " Le même type de phrase qu'entends une personne dépressive " tu n'as qu'à te bouger et tu verras... "

" Tu n'as qu'à "...résume l'incompréhension face à laquelle se trouve le malade. Comme si les choses étaient faciles et qu'il suffisait de " claquer des doigts " pour que tout redevienne " normal " et que la personne guérisse. Incompréhension due au fait que tout ce qui touche au mental fait peur. L'inconnu fait peur, là il n'y a rien de matériel, pas de radio ou d'IRM permettant de voir le mal.

Tant que nous ne nous considérons pas malade nous ne voyons pas dans quelle situation nous nous trouvons. Pourtant plus le temps passe, plus la maladie s'installe et plus grand devient le conflit intérieur qui couve en nous. Conflit qui prend toute son ampleur lorsque nous nous disons malade. Combien de personnes affirment " moi je peux remanger quand je veux " et qui le moment venu sont pieds et poings liés par un inconscient plus fort qu'eux. Elles veulent mais ne peuvent pas.

D'un côté une partie de nous dit " vas-y tu ne risques rien " de l'autre une nous dit " halte là malheureux! ", l'image du petit ange et du petit démon assis sur nos deux épaules a sa place ici.

Nous le savons l'anorexie est l'expression d'un mal intérieur qui va bien au-delà de la nourriture, du poids sur la balance... ces deux éléments ne sont pour moi que la partie visible de l'iceberg. Un mal qui tant qu'il n'est pas identifié continue de ronger. Les lignes précédentes montrent que même une fois ce mal identifié la partie n'est pas gagnée et le combat reste encore à mener. La volonté a parfois besoin d'une petite aide pour grandir.

Vous ne pouvez pas imaginer comme la personne souffre face à un aliment dans certaines situations. Même l'aliment non gras et non sucré qui devrait être avalé sans souci ne passe pas. " Oui, non, oui, non... " se répète dans notre tête sans arrêt pour au final nous blesser car se sera le " non " qui l'emportera nous faisant penser " je suis un faible, un nul, un incapable… "

L'accompagnement est nécessaire. Comme la personne qui après s'être cassée la cheville suit une rééducation accompagnée par un kinésithérapeute, un spécialiste...pour réapprendre à marcher, la personne anorexique a besoin d'aide pour réapprendre à manger. Cela peut paraître étonnant et pourtant ce n'est que la réalité d'une situation. La personne avec la cheville cassée remarchera doucement avec des béquilles dans un premier temps. L'anorexique lui, remangera tout aussi doucement. Là il n'est pas question de béquille mais juste d'entourage et de patience.

Patience, ici comme en sport (en ce qui me concerne) et peut-être après tout dans la Vie en générale la patience est un mot clef. Dans une génération où tout va plus vite (nous appellerons cela la génération ADSL) la patience se fait rare et même dans le milieu de la santé il faut guérir vite pour coûter moins cher...(mais là c'est un autre débat) Les béquilles du mieux être sont la patience d'une part mais aussi l'espoir. Savoir qu'il y aura des hauts et des bas, savoir que parfois guérir paraîtra impossible...mais savoir surtout qu'il faut garder espoir dans ces moments là.

Dans la situation du " vouloir mais ne pas pouvoir " un des seuls conseils à donner à l'entourage du malade est de ne pas entrer dans une relation de conflit car une fois braqué le malade se fermera encore plus sur lui même.



30/10/2008
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